Pierre Tual fait partie de cette génération pour laquelle la sculpture consiste à inventer un monde de formes et d’espace et à faire en sorte que le métal, ce matériau moderne par excellence, se plie et s'ouvre aux "desseins" de la main, au jeu entre le plein et le vide.
Il est dans son œuvre le médium d’une écriture qui réorganise et réinvente nos relations au visible et à l’espace. Sa sculpture se singularise par sa capacité à faire surgir un volume par le jeu des lignes et des plans et à nous l’offrir dans une altérité radicale à nos habitudes.
Philippe Cyroulnik, 1997, exposition au 19, Centre régional d'art contemporain de Montbéliard.
Pierre Tual est considéré comme l'un des principaux représentants en France de la sculpture en métal.
"J'aime cette idée que le vide prime sur la matière et je souhaite que ma sculpture soit comme une peau qui enveloppe le vide. Je tends dans mes œuvres vers les limites de la légèreté, vers une apparente fragilité."
Ses premières expositions datent de la fin des années soixante. En 1972, il expose au musée des Beaux-Arts de Nantes et montre un ensemble de sculptures et de dessins, ainsi que dix grandes sculptures dans le Jardin des plantes de Nantes.
En 1982, il participe à l'exposition « In situ », dans les galeries contemporaines du centre Georges-Pompidou à Paris, organisée par Dominique Bozo, d'après un choix de Dominique Fourcade. L'année suivante, il est invité par la critique américaine Karen Wilkin, en résidence au Workshop Triangle Artists à Pine Plains, près de New York, où il rencontre, entre autres, Clément Greenberg et Anthony Caro.
Pierre Tual a obtenu de nombreuses commandes publiques en France, parmi lesquelles la Cascade des Longchamps à Rennes en 1984, la place des Terrasses de l'Agora d'Évry en 1987, ou encore la rue de la Jussienne à Paris en 1989.
Expositions (sélection) : Galerie de France, Paris, Centre Pompidou, Paris, Centre d'art des Tanneries, Le 19, Crac, Montbéliard, Musée des Beaux-Arts Mulhouse, Musée des Beaux-Arts, Nantes
Collections : MNAM, FNAC, Paris, LaM, Villeneuve d’Ascq, Frac Normandie, Grand Large- Hauts de France, Ile de France
Biographie détaillée
Pierre TUAL Né le 6 juin 1941 à Indre, Loire-Atlantique, Vit et travaille à Paris et en Loire Atlantique
Expositions personnelles (sélection)
2024 Galerie Bessières, Ile des Impressionnistes, Chatou
2023 Céramiques et dessins - Galerie Paola Lumbroso - Marché Biron - Saint Ouen
2022 Galerie Gaïa - Nantes 44000
2021 La friche de l’Escalette - Marseille
2021 Jardin François, Préaux du Perche
2017 Atelier Fraïssé des Corbières
2016 Le 19, Crac, Ecole d’Art de Belfort
2013 Jardins de la Rotonde de l’Hôtel-Dieu, Chateaudun
2012 Galerie du Théâtre Magog, Québec, Canada
2011 Domaine de Kerguehennec, Bignan
2011 Musée d’Erguzon
2007 Meccaniche della meraviglia V, Adro-Brescia, Italie
2004 Galerie du Village Royal, Paris
1997 Musée Garret et Chapelle de l’Hôtel de ville, Vesoul
1997 Le 19, Centre régional d’art contemporain, Montbéliard
1996 Galerie b Jordan m Devarrieux, Paris
1996 Halle aux poissons, Perpignan
1994 Galerie Le Carré, Lille
1994 Galerie Regard, Paris
1993 Musée des Beaux-Arts - Villa Steinbach, Mulhouse
1993 Galerie Mazarine, Paris
1990 Galerie Riverin - Arlogos, Eastman, Quebec, Canada
1989 Centre d’Art Contemporain, Montréal, Québec, Canada
1988 CREDAC, Ivry-sur-Seine
1984 Galerie de France, Paris
1982 Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris
1979 Galerie Françoise Palluel, Paris
1977 Musée des Beaux-Arts, Nantes
1971 Galerie Sao-Francisco, Lisbonne
Expositions collectives (sélection)
2023 D’une génération l’autre, mutations de l’abstraction, Galerie Bessières - Chatou
2017 Le fil, le fer et la terre, Galerie Chevalier, Paris
2016 Les Tanneries, Centre d’art contemporain, Amilly
2012 Carte blanche Olivier Delavallade, Galerie Regards, Paris
2012 Les Tanneries d’Amilly, Galerie de L’Agart
2009 Le Sens du toucher, CIP Marseille
2007 Orthodoxes-hétérodoxes : choisir sa ligne, Le 19, Crac, Montbéliard
2002 Les quais de la sculpture, Bordeaux
2001 Sculptures monumentales, Le Havre
1997 Musée des Beaux-Arts, Clermont-Ferrand
1987 Park der Burg-Linn, Krefeld, Allemagne
1987 Parc de sculpture, Midelheim, Anvers, Belgique
1983 Pine Plains Triangle ar9st’s workshop, New York, USA
1980 Kunsti dag, Ordrupgaard, Copenhague, Danemark
1975 Kunsthaus, Siegen, Allemagne
1975 Kunstmauseum, Koln, Allemagne
1965 Vème Biennale de Paris
Collections publiques
Mnam, Centre Georges Pompidou, Paris
Frac Grand Large-Hauts de France
Frac Ile-de-france
Frac Normandie
Musée des beaux-arts, Nantes
Fonds d’art contemporain, Paris
LaM, Villeneuve-d’Ascq
Bibliographie, extraits de textes de :
Philippe Cyroulnik,
Pierre Tual travaille directement le métal, découpant dans la matière, y recherchant l’expérience d’une forme dans l’espace. Il y a dans sa méthode de travail une prise en charge de l’antagonisme comme source d’équilibre et de la rupture comme facteur d’harmonie. La forme est portée par le rythme, qu’il soit brisé ou mélodique, ample ou ténu. C’est avec cette conjugaison du rythme et de la forme qu’il s’approprie l’espace et le vide, l’utilisant comme élément constitutif de la sculpture, comme une respiration de la forme « in catalogue Musée des Beaux-Arts de Mulhouse. 1993
Patricia Brignone
"Découper, plier, froisser, tordre ; envelopper, enserrer, dénouer, sont les gestes familiers auxquels il recourt. Et cela sans violence, sans force apparente, ni tensions extrêmes. Le matériau semble épouser avec docilité la volonté du sculpteur. On le voit s'infléchir et céder aux torsions imposées. C'est avec beaucoup de douceur et même une étonnante souplesse qu'il se prête au jeu de la forme à naître, tel un corps de danseuse rompu aux exercices d'étirements, d'élongations et autres postures toutes aussi peu naturelles, cependant." 1992
Philippe Dagen
"A la sculpture, Tual adapte des pratiques de peintre : il découpe, il plie, il colle plus qu'il ne modèle. Les plaques d'acier qu'il emploie sont si fines, semblent si souples, si faciles à tordre qu'on les croirait de papier brun. Les ayant disposées en formes ouvertes, sinueuses, menacées de déséquilibre et de cassure, il les soude arête contre arête, en prenant garde de proscrire tout effet de masse ; chaque pièce est un réseau de rubans et de feuilles entourant des vides. Délibérément, le matériau est ici employé au rebours de ses propriétés habituelles, comme si l'artiste avait élu le métal pour en faire du tissu au prix d'un long effort d’allégement » Le Quotidien de Paris, 3 octobre 1984.
Gérard Durozoi
S'il s'agit bien d'occuper l'espace, il ne saurait être question de l'occulter : il convient au contraire de l'activer, d'y introduire des mouvements, des parcours (pour l'air aussi bien que pour l'oeil), des indications de gestes qu'il ne connaîtrait pas en l’absence de la sculpture. Cette dernière, consisterait ainsi à séparer, dans un « vide » initialement indifférencié, le dessus et le dessous, l'en deçà et l'au-delà, l'avant et l'arrière, comme pour redoubler, mais surtout pour dynamiser, les qualités et axes principaux que nous repérons spontanément dans l'espace qui nous entoure quotidiennement. Catalogue du Frac Nord Pas de Calais, 1985.
Dominique Fourcade,
"L'originalité de Tual, disais-je, consiste en ceci : dans l'éclatement simultané des divers événements que contient et expose chaque sculpture. De plus, Tual exploite désormais à fond le pictural de l'acier cor-ten, l'unité esthétique qui est sienne. Plan de rouille ou d'acier bleuté, très magnifiquement neutre dans son activité, la lumière ne parvient à rien désunir, picturalité découpée à même la couleur selon... la taille directe des sculpteurs. Car la sculpture a pour mission, pour liberté et pour privilège de donner corps au poème. C'est ce qui fait la qualité particulière de son angoisse". Extrait « in Situ », cat Centre Pompidou 1982
Karim Ghaddab
"Les deux gestes de l'artiste ne sont pas non plus ceux d'un sculpteur : jamais il ne taille, ni ne modèle. Les feuilles d'acier sont d'abord découpées au chalumeau puis tirées au moyen de divers mécanismes à levier, parfois même un tracteur agricole, afin de donner aux lames métalliques la courbure voulue. Ces deux opérations ne sont pas sans analogie avec celles du couturier qui détermine un patron. Dans les deux cas il s'agit de découpage dans le plan, de prise en compte des vides et de l'espace, de mise en volume. D'ailleurs, les sculptures de Tual ont quelque chose du drapé dans leur manière d'enrober l'espace et d'envisager les plis. » 2000
Olivier Kaeppelin
La singularité de la sculpture de Pierre Tual est de nous situer dans cet espace, entre haut et bas, où les ordres se changent à vue, dans ce va et vient entre terre et ciel. Par ce dessein l'homme cherche à éprouver l'espace en son entier dans une forme qu'il doit méthodologiquement, laisser échapper s'il veut qu'elle ne soit pas illusoire (…) Catalogue le 19, Crac 2007
Frédéric Valabrègue,
"La modernité de Pierre Tual, c'est celle dont on entrevoit le fil à travers les différents prolongements de l'expressionnisme abstrait américain jusqu'à Supports/Surfaces. Mais les opérations du type Supports/Surfaces étaient inventoriées et systématisées afin d'exclure tout tâtonnement. La sculpture de Pierre Tual est plus démunie parce que moins dogmatique. Elle ne cherche pas la stabilité. Elle est au contraire à la recherche du précaire, de moments de rassemblements et de dispersion, et implique, malgré son attachement à une problématique de l'espace et de la matière, un désir d'absolu : il y a du tout ou rien dans chacune des sculptures entreprises. Du moins, sans aller jusqu'à parler d'absolu, il y a la croyance en un instant privilégié et fragile où la matière, malgré sa pesanteur et sa rudesse, inaugurera avec l’espace une conversation harmonieuse et mélodique." Extrait de Cat Musée des Beaux-Arts Mulhouse 199