De cuivre en pierre, un dôme d’éternité et de jeunesse
Octave Marsal, né en 1990, bénéficie déjà d’une quantité impressionnante d’expériences et de distinctions. Si sa matrice créative passe par «le dessin d’architecture utopique» qu’il maîtrise parfaitement, il n’hésite pas à s’aventurer hors des frontières de sa pratique, à désenclaver les disciplines créatives entre elles et à mettre en cause ses propres savoir-faires. On a déjà pu le constater à plusieurs reprises avec des œuvres conçues pour un dialogue musical, des installations monumentales, ou encore des collaborations avec des marques de luxe… Pour Art Paris Art Fair, la galerie Bessières Art Contemporain décide de soutenir et d’accompagner cette ouverture et ce dialogue en présentant un stand essentiellement dédié à ses dernières créations dont le fil conducteur est le « Dôme ». Dôme présent dans une gravure sur cuivre de belles dimensions (110 x 68 cm). Il s’agit de l’une de ses extraordinaires villes inventées, dans le plus beau style graphique de la renaissance et qui évoque de fabuleuses cités, des architectures anciennes dont il est difficile de déterminer si ce sont des ruines ou des chantiers en cours. Le dôme y trône en majesté, s’extirpant de la végétation proliférante… Dôme aussi à travers une sculpture en haute joaillerie, soit une bague sertie d’une pierre verte, une tsavorite, à la forme parfaitement ovale. Un conte oriental décrit cette pierre magique comme une goutte de la « fontaine, de jouvence » précieusement enclose dans la paume du vieil « Al-Khidr » (qui signifie en arabe, perse et turc « le vert » ou « le verdoyant »). Raison pour laquelle on la nomme « La Pierre d’Al Khidr » ou le « Dôme de Jouvence ». La bague présentée sur le stand en regard de gravures (dont l’une décrit d’ailleurs l’histoire de ce conte) et de plusieurs dessins, fait l’objet d’un projet plus large de l’artiste qui crée pour l’occasion une marque "Octave Marsal Haute Joaillerie d'Art" en association avec un bijoutier parisien. En alchimiste des arts, notre dessinateur aux multiples facettes mêle donc la mine du crayon au cuivre de la gravure et la fascinante transparence verte de la pierre au conte et à l’architecture antique et renaissante. En artiste contemporain féru de l’observation du passé, il nous propose un regard syncrétique et décalé sur plusieurs états de civilisation qui se font écho à travers ce perpétuel questionnement de leur grandeur et de leur décadence au regard de la quête impossible de l’éternité. Au XVe siècle, le dôme antique, « renaissait » de ses cendres sous la férule de Brunelleschi, également inventeur de la perspective si présente chez Marsal. Et il renaît en 2021 sous son propre burin. Nombre de légendes possédant un caractère universel évoquent de manière récurrente ce rêve de la « Fontaine ou du Dôme (en l’occurrence) de jouvence ». Conscient de la fragilité et en même temps de la permanence des patrimoines culturels, notre graveur se fait philosophe des civilisations à travers la connexion d’éléments épars dans le temps et de matériaux fondamentalement exogènes, tel le poète alchimiste qui poursuit l’impossible trait, l’impossible verdoiement, source d’art perpétuel.